« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde », Jocelyn Louis N’Goma

LIBREVILLE (Equateur) – En s’appuyant sur cette maxime de Nelson Mandela, Prix Nobel de la paix, le leader syndical et expert en relations sociales du travail, Jocelyn Louis N’Goma, nous interpelle à travers ce texte sur l’importance de l’éducation comme pilier fondamental pour changer une société. Lecture.

Au début de la vie, nous sommes entourés d’adultes, qui nous inculquent à travers l’éducation qu’ils nous donnent, un ensemble de valeurs qui va nous faire acquérir, cette force morale qui permet à l’être humain de tendre vers l’amour, la paix et la joie, dans le but de créer une harmonie entre la philosophie, la religion et de la politique.

Foi, espérance, charité, prudence, justice, tempérance, force, sont ces sept attitudes essentielles de l’homme, qui se trouvent aujourd’hui bousculées, mises à rude épreuve, et dont la crise multiforme que nous traversons, est venue donner un coup d’accélérateur. Dès notre plus jeune âge, ces principes doivent être respectés, pour acquérir la force morale avec laquelle l’être humain tend au bien, notamment, s’appliquer à suivre la loi morale.

Cette ferme disposition à pratiquer la vertu et fuir le vice, est simultanément une grande qualité morale et une force surnaturelle divine, qui se résument en quatre grandes vertus cardinales : la Prudence, la Tempérance, la Force d’âme et la Justice, qui nous permettront de nous intégrer dans la société, de grandir, de vivre tous simplement. L’éducation est donc la base de tout. Nelson Mandela disait, « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde » Mais qu’entend-on par l’éducation ?

Étymologiquement, le vocable « éducation » signifie « conduire, guider hors de… ». L’éducation est donc l’action de développer un ensemble de connaissances et de valeurs morales, physiques, intellectuelles et scientifiques, considérées comme essentielles pour atteindre le niveau de culture souhaitée. Plusieurs personnes pensent à tort ou à raison, que l’éducation rime avec école.

Pour ma part, je pense que l’éducation ne doit pas uniquement se définir comme, aller à l’école, assimiler des connaissances, ensuite tout oublier une fois le programme étudié terminé et le diplôme obtenu. Pour moi, l’éducation est quelque chose de plus vaste, car elle intègre la connaissance du vrai et du bien, fondée sur la raison et sur l’expérience. Apprendre aux enfants à tolérer les autres avec leurs différences, c’est les préparer à la société d’aujourd’hui.

L’implication des parents et de l’école est capitale

Les parents, mais aussi l’école, ont un rôle fondamental dans cet apprentissage des règles du vivre ensemble. Nous apprenons tous les jours, à travers divers procédés différents. C’est pourquoi je pense, que l’éducation est propre à chacun. Si elle nous ouvre de nombreuses portes, elle nous permet également d’apprendre de nos erreurs, et elle nous donne les outils nécessaires, pour nous améliorer en nous remettant en question lors des périodes tumultueuses.

L’adolescence en particulier, est une de ces périodes tumultueuses de la vie, pleine de remise en question et d’interrogation. C’est pendant cette période, que l’éducation va jouer un rôle déterminant, dans l’avenir des enfants. Pour eux, avant toute chose, c’est grandir et franchir le passage qui sépare l’enfance de l’âge adulte. L’éducation sera donc importante, pour leur donner tous les outils nécessaires, pour pouvoir répondre à toutes ces interrogations.

Les parents sont les premières personnes qui contribuent à l’éducation des enfants. Ils choisissent au sein du modèle de famille qu’ils construisent, de leur imposer un certain nombre de valeurs, et de leur inculquer un ensemble de principes, hérité généralement par eux-mêmes de leurs parents. Ils apprennent aux enfants la politesse, les bonnes manières, l’importance du travail, de la générosité, de la bienveillance et du partage.

En effet, sorti de son environnement familial, l’enfant va être confronté au choc des cultures, cet ensemble éprouvant de contradictions, pour lesquelles il sera emmené à faire des choix libres, cohérents et éclairés. Et Face à une telle complexité, l’intuition sans discernement ne suffit pas pour guider ses décisions.

Le rôle de parents, c’est donc de présenter aux enfants la société telle qu’elle est. Et la diversité culturelle est un des moteurs de notre société. Ce sont les parents qui aident les enfants à grandir et qui leur permettent de devenir adultes. Même s’il est vrai que beaucoup de ces règles apprises sont importantes à l’adolescence, il nous est arrivé de nous dire parfois, qu’elles sont inutiles et superflues.

C’est pourquoi à cet âge, nous avons très souvent été en désaccord avec nos parents, ce qui arrivera d’ailleurs encore pendant très longtemps. Cependant, ils nous ont également appris, que les conséquences enseignent mieux que les conseils, que l’expérience l’emporte sur la fougue de jeunesse, et que même quand on pense avoir raison, tout le monde peut se tromper. C’est pourquoi le dialogue est très important.

Le milieu familial peut influencer positivement ou négativement, notre éducation et notre comportement. À l’école l’éducation nous est dispensée par des hommes et des femmes qui mettent leurs connaissances, au service de l’Education nationale, pour compléter l’éducation familiale. Ils nous ont appris à lire, à écrire, à compter ; et plus âgés, ils nous ont appris à réfléchir par nous-mêmes.

Ils nous ont accompagnés dans la vie active, en nous permettant d’avoir un point de vue réfléchi sur le monde. Ils nous ont aidés à grandir en contribuant à la formation des adultes que nous sommes devenus aujourd’hui. Sans eux, peut-être que plusieurs d’entre nous seraient perdus

Malheureusement, certains individus aux agendas inavoués, se servent également de l’éducation, en l’utilisant à mauvais escient, notamment les intégristes religieux, les leaders d’opinions de petite vertu, les élites diplômées douteuses etc. Au nom d’une idéologie véhiculée dans les milieux de l’ignorance, ces individus nuisent gravement à notre vivre ensemble. Leur posture suscite d’ailleurs souvent, consternation et incompréhension.

Comment des êtres humains, normalement constitués, peuvent-ils justifier le fait de nuire à autrui, qui ne demande simplement qu’à vivre comme eux, juste parce qu’ils sont différents ? Comment peut-on donner les moyens d’exister dans une telle société, si tous les jours nous vivons dans la crainte de nos différences et l’insécurité ?

Pour conclure, je dirais que, vouloir changer le monde est un souhait noble et altruiste, et une tâche très complexe, sûrement impossible. Mais pour le Gabon, nous n’avons pas le droit, de nous laisser dominer par la résignation face à la crise multiforme actuelle, que nous traversons. Prendre des décisions qui ont du sens dans l’intérêt de l’unité nationale, exige de décider avec discernement, dans le cadre des questionnements centrés sur la finalité recherchée.

Notre diversité culturelle étant un atout incommensurable, c’est donc dans nos différences que nous devons aller puiser l’énergie nécessaire, à l’atteinte de cette finalité, notamment, l’unité nationale ! L’éducation ne doit pas se limiter à l’enfance ou l’adolescence, l’enseignement ne doit pas s’arrêter qu’à l’école. Toute notre vie, l’environnement social est un éducateur, qui peut être parfois sévère et dangereux.

L’éducation nous donne des idées, et la bonne éducation permet d’ordonner ces idées, afin que l’amour et la paix règnent dans nos cœurs, pour que vive l’harmonie dans la cité. Considérant que chaque individu éduqué, est un citoyen que la République gagne, pourquoi ne pas nous investir dans l’Éducation ?