Gabon/Cnss: « La baisse des salaires est un raccourci de mauvais goût, au regard de l’ensemble des mesures prévues par la loi pour sauver les emplois »

LIBREVILLE (Equateur) – Face à l’intention de l’Administrateur provisoire de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), Christophe Eyi, de baisser les salaires du personnel pour soi-disant sauver les emplois, la Coalition des syndicats de cette entreprise rappelle à ce dernier, qu’il existe un ensemble de mesures prévues par loi avant d’envisager la baisse des salaires.

 

C’est à travers la presse locale, que l’Administrateur provisoire de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), Christophe Eyi, a évoqué son intention de procéder à la baisse des salaires du personnel dans l’optique de sauver les emplois par la réduction de la masse salariale estimée à 1,6 milliard de FCFA par mois.

 

D’après Christophe Eyi, ce gouffre financier entrave considérablement le fonctionnement de l’entreprise qui connaît depuis plusieurs mois des tensions de trésorerie. Mais la Coalition des syndicats de la Cnss semble ne pas partager ce point de vue. Selon elle, on parle de tension de trésorerie pour une entreprise, lorsque sa trésorerie n’est plus suffisante ou à peine suffisante pour payer ses fournisseurs et créanciers.

 

Pour Jocelyn Louis N’Goma, porte-parole de la Coalition, « S’il est vrai que les salaires représentent une portion des charges globales de la Cnss, l’analyse des tensions de trésorerie, démontre que leur baisse reste le dernier recours avant d’envisager un plan social. La baisse des salaires est un raccourci de mauvais goût, au regard de l’ensemble des mesures prévues par la loi pour sauver les emplois à la Cnss », laisse-t-il entendre.

 

En effet, poursuit-il, la crise actuelle que traverse la Cnss est consécutive à un ensemble de dysfonctionnements additionnels, notamment : – L’obsolescence du dispositif juridique qui ne répond plus au contexte actuel, – L’équilibre entre les ressources et les emplois, qui n’est plus soutenu. « Les charges techniques sont très largement au-dessus des recettes liées principalement aux cotisations des employeurs et des employés », souligne le syndicaliste.

 

De même, ajoute-t-il, le niveau du chômage endémique des jeunes, qui ne permet pas le remplacement numérique des cotisants qui partent à la retraite, avec pour conséquence l’accroissement du montant des pensions et inversement la baisse du niveau des recettes. Selon Jocelyn Louis N’Goma, les principales causes de cette situation sont à rechercher dans la mauvaise gestion, les embauches inopportunes, la fraude sociale, l’obsolescence du dispositif juridique, les investissements hasardeux, l’absence de contrôle de l’action des Directeurs généraux, l’inefficacité du conseil d’administration, etc.

 

Pour sortir la Cnss de cette situation difficile, la Coalition des syndicats pense dans un premier temps, que l’État se recentre sur son rôle de régulateur. Que le secteur privé (employés et employeurs) s’approprie les leviers de la gouvernance, CODIR et Conseils d’administration.

 

« C’est la revendication légitime que fait la Fédération des entreprises gabonaises (FEG). Cette solution préconisée par la FEG, que nous soutenons, est une alternative pertinente au retour à la sérénité dans la gestion de la Cnss », indique le porte-parole de la Coalition.

 

S’appuyant sur l’article 5 de la loi 6/75 qui souligne, que la Cnss est un organisme privé chargé de la gestion d’un service public, Jocelyn Louis N’Goma se demande comment peut-on privatiser un organisme déjà privé ? Pour lui, contrairement à la position de l’Administrateur provisoire sur la question, la FEG parle plutôt d’une gestion paritaire employeur et employés du secteur privé, et non d’une privatisation de la Cnss, conformément aux dispositions de la recommandation 22 de la CIPRES, en son article 61.

 

« Considérant que les garanties sociale et financière qu’apporte l’État au titre de ses missions régaliennes ne concernent pas uniquement la Cnss, mais toute la République à travers la politique de protection sociale garantie par le président de la République, la FEG ne remet pas en cause la responsabilité de l’État d’assurer la supervision et le contrôle de la Cnss. C’est d’ailleurs dans ce cadre, que l’État a le devoir d’apporter les subventions d’équilibres à la Cnss en pareil circonstances. Cette garantie sociale et financière, ne signifie pas s’ingérer dans le fonctionnement de la Cnss, mais de garantir la protection sociale des assurés, par la supervision et le contrôle de la tutelle », explique-t-il.

 

En définitive, la question sociale reste l’apanage de l’État. Il aura toujours à minima la responsabilité d’en assurer la supervision et le contrôle. C’est du moins ce que pense Jocelyn Louis N’Goma, qui souligne qu’au titre de ses missions régaliennes, l’État joue un rôle d’avaliste pour la Cnss.

 

 

Jaulene LEMBEME

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