Gabon : Les enjeux autour des élections législatives et locales du 27 septembre 2025

LIBREVILLE (Equateur) – Le 27 septembre 2025 constitue une date charnière dans l’histoire politique récente du Gabon. Après le coup d’État d’août 2023 et la transition institutionnelle qui a suivi, le pays s’apprête à franchir une nouvelle étape décisive : l’organisation des élections législatives et locales jumelées. Une Tribune libre de Francis Edgard Sima Mba, Consultant International MCCA, Analyste Politique.

 

Ces scrutins viennent parachever la mise en place de la 5ᵉ République, consacrée par le référendum constitutionnel du 16 novembre 2024 et l’investiture, le 3 mai 2025, du président Brice Clotaire Oligui Nguema.

 

Loin d’être de simples formalités électorales, ces élections cristallisent des attentes profondes, tant au niveau politique que social. Elles représentent un test grandeur nature pour la légitimité des institutions, la vitalité démocratique et la cohésion nationale.

 

1. Des enjeux politiques et institutionnels majeurs

 

Le premier défi consiste à assurer la légitimité des nouvelles institutions. L’Assemblée nationale et les conseils locaux doivent être le fruit d’un processus électoral crédible, transparent et inclusif.

 

Le respect de la séparation des pouvoirs, la transparence du fichier électoral et le contrôle des résultats constituent autant de gages nécessaires pour restaurer la confiance des citoyens.

 

Un symbole fort de cette légitimation réside dans la représentation inédite de la diaspora, avec deux sièges attribués pour la première fois aux Gabonais vivant à l’étranger.

 

2. La gouvernance et la stratégie de décentralisation

 

Ces élections traduisent également la volonté d’instaurer une gouvernance de proximité. Les élus locaux auront la responsabilité de rapprocher l’État des citoyens en gérant les affaires du quotidien : infrastructures, santé, éducation, assainissement, sécurité.

 

Ils devront démontrer leur capacité à administrer les ressources publiques avec transparence, à lutter contre la corruption et à garantir un climat social apaisé.

 

3. Une dimension culturelle et sociale incontournable

 

La restauration de la confiance entre l’État et la population est au cœur des attentes. Les Gabonais veulent des élus accessibles, présents sur le terrain et sensibles aux réalités locales.

 

Ils aspirent à une répartition équitable des infrastructures entre zones urbaines et rurales, à la prise en compte des identités locales et à une meilleure inclusion des femmes, des jeunes et de la diaspora.

 

4. Le rôle central du leadership

 

Au-delà des institutions et des programmes, les citoyens attendent des leaders exemplaires, intègres et compétents. La 5ᵉ République appelle un nouveau type de leadership : visionnaire, ancré dans les réalités locales mais capable de dialoguer à l’échelle nationale, responsable dans ses promesses et redevable face aux électeurs.

 

Les élections législatives et locales du 27 septembre 2025 ne sont pas un simple passage obligé du calendrier politique. Elles incarnent l’espoir d’un renouveau démocratique et institutionnel, mais aussi d’un contrat social réinventé entre les élus et les citoyens.

 

L’ampleur de la participation avec plus de 800 candidatures pour 145 sièges de députés et plus de 18 000 pour les conseils locaux — traduit un regain d’intérêt citoyen qui témoigne de la vitalité politique retrouvée du pays.

 

Perspectives et défis

 

Si ces élections ouvrent la voie à un nouveau départ, elles s’accompagnent de défis structurants :

 

– Consolider la démocratie par des institutions solides et crédibles.

 

– Réussir la décentralisation, afin que les collectivités locales deviennent de véritables leviers de développement.

 

– Réinventer la gouvernance, en instaurant une culture de transparence et de redevabilité.

 

– Renforcer la cohésion nationale, en plaçant la jeunesse, les femmes et la diaspora au cœur du projet républicain.

 

L’histoire retiendra de ce 27 septembre 2025 non seulement la mise en place des institutions de la 5ᵉ République, mais surtout la capacité du Gabon à transformer une transition politique en véritable opportunité de refondation nationale.

 

 

Peniel MAVOUNGOU

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