Le Syméfoga tance le Premier ministre gabonais dans un communiqué de presse

LIBREVILLE (Equateur) – Dans un communiqué de presse daté du jeudi 7 novembre dernier, le président du Syndicat des médecins fonctionnaires du Gabon (Syméfoga), Dr. Adrien Mougougou, s’insurge contre les propos jugés ‘’insultants’’ du Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, à l’endroit des médecins gabonais, suite aux recommandations de la Task force de la santé. D’après le président du Syméfoga, aucun médecin n’a pris part à cette rencontre.

 

La Task force de la santé qui s’est achevée le 5 novembre dernier à Libreville, a failli à sa mission. C’est du moins ce que le Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, a clairement exprimé, après avoir parcouru les recommandations formulées par les participants. « Vous m’avez fait de bonnes recommandations. Mais moi je ne vais pas aller montrer au président cette litanie de recommandations (…). Vous avez encore fait, mesdames et messieurs, les combineries des professionnels de la santé », avait déclaré le Chef du gouvernement.

 

‘’Des combineries des professionnels de la santé’’, voici des propos jugés insultants par les médecins gabonais regroupés au sein du Syméfoga, qui ont tenu à exprimer leur mécontentement à Julien Nkoghé Békalé, qui n’a pas hésité à s’en prendre à ces fonctionnaires de la santé, alors qu’ils n’ont pas été associés aux travaux de la Task force de la santé. Le bureau de ce syndicat qui est dirigé par le Dr. Adrien Mougougou, a tenu à répondre au Chef du gouvernement, à travers un communiqué de presse daté du jeudi 7 novembre dernier.

 

« Le mardi 5 novembre 2019, Monsieur le Premier ministre, non moins coordonnateur de la fameuse Task force sur la santé, est allée sans porter des gants, ajouter sa part au tas d’injures et d’irrespect quotidiennement déchargés sur les médecins. Pour sa gouvernement, nous lui rappelons que comme pour tous les problèmes de notre pays, la résolution des manquements abyssaux qui minent notre secteur, requiert de sa part, beaucoup de hauteur et de sérénité, car la santé des gabonais ne saurait s’accommoder à ces hors sujets récurrents sur des épreuves qui ne s’apparentent à la philosophie ou à la sociologie politique, qu’à la cure d’une banale crise de paludisme. Comment comprendre que le rendu d’une réflexion initiée par le président de la République, coordonnée par le Premier ministre, et à laquelle les partenaires sociaux (représentants des personnels de santé) n’ont pas participé, puisse se transformer en un auto désaveux et à la dérision des médecins », martèle Adrien Mougougou.

 

Pour le syndicaliste, les problèmes qui minent le bon fonctionnement des structures hospitalières du Gabon, sont connus du Premier ministre, qui feindrait de les ignorer. « Les problèmes de la santé sont là et vous ne saurez les éviter en procédant de la sorte. Ils attendent de vous  le règlement de la dette de la Cnamgs (17 milliards de francs CFA), le conventionnement de la maintenance dans les hôpitaux, la réouverture des écoles de formation des infirmiers assistants (Mouila, Franceville, Makokou), la nomination des responsables dans plusieurs structures sanitaires dirigées par des intérimaires depuis plusieurs années (Mélen, Koulamoutou, Makokou …), pour nous permettre de régler les problèmes que nous posent les malades au quotidien », a-t-il énuméré.

 

S’agissant du satisfecit exprimé par Julien Nkoghé Békalé concernant le CHU mère/enfant  Jeanne Ebori, le président du Syméfoga confie qu’il crée des problèmes aux usagers, notamment avec des augmentations de couts de prestations offertes. « En ce qui concerne le CHU mère/enfant Jeanne Ebori qui semble vous éblouir, vous savez que son modèle de gestion a montré ses limites dès sa mise en place dystocique, les amenant pour survivre, à augmenter les couts des différentes prestations offertes aux usagers. La conséquence est que la dette non recouvrée par l’hôpital est de 600 millions entre les impayés par les malades étranglés et l’éternel mauvais payeur Cnamgs », a expliqué le Dr. Mougougou.

 

Concernant justement la Cnamgs, le syndicaliste soutient que les 192 milliards qui sont dédiés à la protection sociale par an, ne sont aucunement excessifs, « au regard des réelles charges à couvrir et des sommes indument prélevées aux différents contribuables (fonctionnaires, privés, CSA ….). Aussi, cette rhétorique des  sommes colossales investies il y a 3, 4, 5 ans, ne guérit personne, la santé nécessite un investissement quotidien pour l’achat des consommables, des médicaments, le maintien et le renouvellement des équipements, la formation initiale et continue des personnels de tous les niveaux ».

 

Quant au problème d’absentéisme des médecins dans les hôpitaux, le Syméfoga s’insurge en faux. « Pour preuve, en 2018 au CHU de Libreville, nous avons réalisé entre autres, 116 200 consultations, 34 649 hospitalisations, 10 000 accouchements, 3 786 actes chirurgicaux, la publication de nombreux travaux de recherche malgré les pannes incessantes au bloc opératoire, en radiologie, l’absence d’accompagnement pour la recherche etc », a-t-il souligné, avant de réaffirmer sa volonté à défendre l’hôpital public et les malades pour lesquels les médecins ont prêté serment.

 

 

Levi NGOMA

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