Gabon : Émergence d’une nouvelle génération de leaders syndicaux

LIBREVILLE (Equateur) – Depuis quelque temps, nous observons l’émergence d’une nouvelle mouvance syndicale, qui semble faire bouger les lignes, en imposant des nouvelles règles du jeu démocratique dans la sphère syndicale gabonaise. Dirigée par une nouvelle génération de leaders syndicaux, elle vient mettre une rupture avec un système qui n’a pas profité aux travailleurs.

 

 

Avant la conférence nationale en 1990, la Confédération syndicale gabonaise (Cosyga), unique organisation syndicale à cette époque, était un organe spécialisé du parti unique (PDG), une sorte d’antichambre. Après la Conférence nationale, dans le cadre du pluralisme démocratique, le Gabon a connu la naissance de plusieurs partis politiques créés par plusieurs anciens barons du parti unique.

 

 

Le syndicalisme au Gabon n’a pas échappé à cette grande mutation. Il a suivi la même trajectoire avec la prolifération d’organisations syndicales, dans l’ombre de ces partis politiques. En effet, les mêmes motivations qui ont conduit plusieurs anciens barons du parti unique à créer leur chapelle politique, ont poussé également certains leaders syndicaux de la Cosyga, qui au demeurant contestaient le leadership de Martin Allini (président intouchable de la Cosyga à l’époque), à créer leur chapelle syndicale, afin d’éviter d’avoir des problèmes avec la Pouvoir en place.

 

Les travailleurs peuvent compter sur ces nouveaux leaders syndicaux du privé et du para public ….

 

Malheureusement, ces groupes syndicaux que nous connaissons parfaitement, n’ont pas fait mieux que la Cosyga de Martin Allini. Attirés par l’appât du gain et persécutés par le parti unique (arrestations, pressions et tortures…), ces leaders ont vite fait de se compromettre en privilégiant les intérêts personnels plutôt que ceux des travailleurs qu’ils étaient censés représenter. Ce qui explique pourquoi les travailleurs n’ont plus jamais voulu intégrer ces organisations syndicales qui servent en réalité des intérêts personnels des leaders syndicaux.

 

 

Aujourd’hui, la guerre de leadership (Bicéphalisme) au sein de la Cosyga, l’intrusion de certaines Confédérations syndicales dans l’arène politique, en soutenant notamment des partis politiques de l’opposition entre autres, sans omettre la corruption avérée des syndicalistes par les politiques, sont autant d’éléments qui prouvent à plus d’un titre, l’échec des organisations syndicales traditionnelles dans leurs missions régaliennes de défense des intérêts des travailleurs.

 

 

Cependant, depuis quelque temps, nous observons l’émergence d’une nouvelle mouvance syndicale, qui semble faire bouger les lignes, en imposant des nouvelles règles du jeu démocratique dans la sphère syndicale gabonaise. Cette mouvance est portée par une nouvelle génération de leaders syndicaux, tels que les vices-présidents du groupe des travailleurs, Léon Mebiame et Jocelyn Louis Ngoma qui ont présidé magistralement au nom des travailleurs, les travaux de révision du Nouveau Code du Travail ; Il y a également Sandrine Ogoula et René Mbengue Malla de la Seeg ; Paul Aimé Bahafou, Sylvain Mayabi Binet et Serge Koumba de l’Onep ; Gustave Tsianga et Aymar Kissengori de la Comilog ; Clotaire Mezui et Roselyne Revigne de la Cnss ; Parfait Doukakas de la Sobraga et Aude Mapenda de la Bicig, pour ne citer que ceux-là.

 

 

Ces syndicalistes sur lesquels les travailleurs du secteur privé et parapublic peuvent désormais compter, ont démontré leur détermination à œuvrer pour la défense des intérêts des travailleurs qu’ils représentent, contrairement à leurs pairs des centrales syndicales traditionnelles, qui sont désormais perçus comme des mercenaires au service du Patronat et du gouvernement.

 

…. ainsi que sur ceux du public pour défendre leurs intérêts

 

Mais ces nouveaux leaders syndicaux du privé ne sont pas les seuls, car dans le secteur public, des nouveaux visages ont également retenu l’attention des travailleurs. Il s’agit entre autres, de Joël Ondo-Ella, vice-président du Comité de pilotage du Forum de la Fonction publique, Fridolin Mve Messa de l’Usap qui a coordonné les travaux, Pierre Mintsa de la Mstgv, Régis Malembe du Synafopra et Carlos Otounga de la Cosyrefaa, qui ont su redonner de l’espoir aux agents publics et aux jeunes en attentes d’intégration au sein de la Fonction publique.

 

 

Réunis autour des plateformes composées d’organisations syndicales des travailleurs des secteurs privé, para public et public, cette nouvelle génération de syndicalistes a réussi par exemple, l’exploit d’inverser le rapport de force, dans le cadre du projet de révision du Nouveau Code du Travail gabonais, et imposer la volonté des travailleurs, au détriment des traditionnelles Confédérations syndicales qui précisons-le, sont non représentatives. Et d’ailleurs, le gouvernement et le Patronat ont bien compris avec qui, ils doivent désormais négocier.

 

 

Il en est de même pour ce qui concerne le Forum de la Fonction publique dont la mise en œuvre des 144 recommandations, qui a débuté au mois de décembre 2020, permettra d’améliorer significativement le fonctionnement et l’efficacité de l’Administration publique. Et ce, grâce à la nouvelle génération des leaders syndicaux du secteur public, qui ont décidé de privilégier uniquement les intérêts des travailleurs.

 

 

Ainsi, pour la première fois au Gabon, nous avons assisté en 2020, à un dialogue social tripartite, sans la présence des traditionnels partenaires sociaux du gouvernement contre leur volonté, malgré leur limite d’âge largement atteinte. Un dialogue social, aux normes internationales, appuyé par le BIT, détaché de toute forme de calcul égoïste et des intrigues politiciennes, sous l’impulsion de cette nouvelle génération de leaders syndicaux.

 

 

Si on peut observer quelques nostalgiques du parti unique qui font encore de la résistance, il n’en demeure pas moins que, cette nouvelle génération marque la rupture, par sa présence très remarquée sur le terrain, depuis les travaux de la commission Ad Hoc du dialogue social d’Agondje et ceux du Forum de la Fonction publique.

 

 

Joslin RENDERS (directeur de l’Agence de presse et Communication Globale – Equateur, Spécialiste en Audit social et Contrôle de gestion sociale)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à notre Newsletter