Gabon : La HAC veut-elle ‘’tuer’’ les médias privés en exigeant une redevance de 500.000 FCFA ?

LIBREVILLE (Equateur) – Les promoteurs des entreprises de presse privée le pensent, car ils s’étonnent que la Haute autorité de la communication (HAC) exige désormais le paiement de cette redevance, alors qu’elle sait parfaitement que les médias privés au Gabon peinent à fonctionner.

 

 

D’après les articles 165, 166 et 167 du Code de la communication, une redevance pour le financement des actions de développement et de promotion des entreprises et industries de la communication et de la cinématographie  dénommée ‘’Fonds d’aide et de soutien à la communication’’, a été instituée par le législateur.

 

 

A cet effet, la Haute autorité de la communication (HAC) a décidé de fixer les montants de cette redevance à 500.000 FCFA pour les entreprises de presse privée. Depuis le début de la semaine, l’autorité de régulation reçoit les patrons de presse privée pour leur expliquer la nécessité de s’acquitter de cette redevance annuelle.

 

 

Si les promoteurs des entreprises de presse privée saluent la promptitude de la HAC à sanctionner leurs médias et à faire appliquer certaines dispositions du Code de la communication, ils s’étonnent en revanche du mépris affiché par la Haute autorité de régulation face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés.

 

 

Des difficultés de fonctionnement et de rentabilité qui à l’évidence, ne peuvent faciliter le paiement d’une redevance annuelle de 500.000 FCFA. Où vont-ils trouver cet argent, alors qu’ils tirent le diable par la queue ? La pandémie du Covid-19 au Gabon, a accentué davantage la mauvaise situation économique de ces médias privés. Certains parmi eux, ont été obligés de mettre la clé sous le paillasson.

 

 

Selon certaines indiscrétions, la HAC s’appuierait sur les contrats de publicité que ces médias auraient avec quelques opérateurs économiques, mais aussi sur la subvention d’aide à la presse que l’Etat leur accorde chaque année. Si ces informations sont avérées, il est évident que la HAC ferait fausse route.

 

 

Premièrement, parce que la subvention annuelle que l’Etat accorde à ces entreprises de presse privée est infime. On parle de 1 à 5 millions de FCFA par an, contrairement aux médias publics qui reçoivent également une subvention annuelle de plus de 100 millions de FCFA. Quelle entreprise privée pourrait fonctionner avec un budget annuel de 1 ou 5 millions de FCFA ?

 

 

Les autorités gabonaises qui encouragent l’entreprenariat, afin de réduire le chômage et booster l’économie du pays, ne font pas assez en termes de financement pour ces PME/PMI, qui doivent se débrouiller pour survivre.

 

 

Si les médias privés gagnaient par an le 1/10 de la subvention annuelle des médias publics, ils se porteraient mieux. Ils seraient capables de recruter du personnel et réduire le taux de chômage, payer sans difficultés les impôts et la redevance à la HAC. Toutes ces réalités, la HAC le sait parfaitement.

 

 

Deuxièmement, la HAC ferait fausse route, parce que les contrats de publicité que ces médias privés ont réussi à décrocher grâce à la bonne foi de certains opérateurs économiques qui souhaitent les aider, sont non seulement forfaitaires, mais soldés avec beaucoup de retard. Conséquence, cet argent ne sert qu’à régler les dettes qu’ils ont contracté en attendant le paiement.

 

 

C’est donc à juste titre, que les patrons des médias privés pensent que la HAC veut ‘’tuer’’ leurs entreprises de presse et les remettre au chômage. Comment payer une redevance de 500.000 FCFA, alors qu’ils n’arrivent même pas à fonctionner normalement, à payer les impôts et autres taxes ?

 

 

Toutefois, les promoteurs des entreprises de presse privée encouragent la HAC à s’inspirer du Ministère de la communication, qui a trouvé des mécanismes pour permettre aux entreprises de presse publiques de vivre, en instaurant la redevance audiovisuelle et cinématographique (RAC) qui leur est versée chaque fin du mois.

 

 

La HAC pourrait par exemple, demander aux plus hautes autorités de la République, que le marché de la publicité lui soit octroyé, afin de permettre aux médias privés d’y avoir accès. Et c’est seulement en ce moment, que l’autorité de régulation pourrait exiger le paiement de cette redevance. Sous d’autres cieux, les choses se passent ainsi. Tous les médias ont droit à un quota.

 

 

Pour l’heure, nous apprenons que les organisations patronales des médias privés feront une sortie dans les prochains jours, pour dénoncer et récuser cette redevance. Affaire à suivre !

 

 

 

Levi NGOMA  

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