Libération de Privat Ngomo : La famille et la société civile interpellent les juges

LIBREVILLE (Equateur) – Face au refus de la justice gabonaise de libérer Privat Ngomo, en détention préventive à la maison d’arrêt de Libreville depuis le 16 juillet 2019, sa famille et la société civile qui continuent de clamer son innocence, ont interpellé au cours d’une conférence de presse tenue le samedi 7 mars dernier, les juges en charge du dossier, afin qu’ils le libèrent.

 

Privat Ngomo, opposant gabonais de 53 ans est toujours en détention préventive à la maison d’arrêt de Libreville. Pour avoir osé accuser la France d’être à l’origine de la crise sociopolitique du Gabon, Privat Ngomo qui a clairement affiché son soutien à l’opposant Jean Ping, candidat malheureux à la présidentielle de 2016, par ailleurs président de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), a été arrêté le 12 juillet 2019.

 

Sa famille et la société civile qui continuent de clamer son innocence, ont tenu une conférence de presse le samedi 7 mars dernier dans un hôtel de Libreville, pour exiger une énième fois, sa libération pure et simple. Malgré les interpellations à l’endroit des autorités gabonaises, de l’Union européenne, et des organisations qui militent pour le respect des droits de l’Homme, Privat Ngomo est toujours détenu à la prison centrale de la capitale.

 

Alors que l’instruction du dossier était achevée, la famille du prévenu Ngomo a été surprise d’apprendre que sa détention préventive a été prorogée de 6 mois supplémentaires par le juge d’instruction et le procureur de la République. « Il est intéressant de constater que cette prorogation a été faite avec beaucoup de diligence dans les délais requis, alors que l’instruction, elle, s’est faite avec beaucoup de négligence, voire d’entorses procédurales, notamment dans le respect des délais ; ce qui démontre la tendance partiale de la justice actuelle, menée par des hommes et des femmes aux ordres, alors qu’ils sont censés dire le droit et rien que le droit. En tout état de cause, aujourd’hui comme hier, le maintien de M. Privat Ngomo en détention préventive ne se justifie pas », a déclaré Thierry Ngomo, frère cadet du prévenu.

 

La famille de l’opposant déplore également le refus systématique des juges, de la demande de liberté provisoire et du suivi médical de M. Ngomo, alors que le prévenu n’est pas un danger public, « et qu’il présente toutes les garanties de représentation exigées par la loi pour pouvoir comparaitre libre à l’audience du jugement en correctionnel auquel il a été renvoyé », a soutenu Thierry Ngomo, qui s’étonne par ailleurs, qu’aucune date du jugement n’a été fixée au terme de l’instruction, alors que le dossier de Privat a été transmis au secrétariat du parquet pour être enrôlé en vue du jugement.

 

« Tout porte à croire que les autorités font délibérément trainer les choses par pure malveillance », a-t-il ajouté.

 

Pour sa part, le leader du Réseau des organisations libres de la société civile du Gabon (ROLBG), Georges Mpaga, a lancé un cri d’alarme au syndicat des magistrats, afin de faire respecter le droit pour la libération de Privat Ngomo et de tous les détenus prisonniers politiques.

 

« Nous sommes face à une crise de la justice au Gabon, la justice pose problème. C’est pourquoi je tiens à interpeller une fois encore le syndicat des magistrats (…). Aujourd’hui la justice gabonaise est prise en otage par le système politique, par des gens qui ont des problèmes avec la justice. Et ce sont ces gens-là qui influencent et empêchent aux magistrats de lire le droit de façon correcte et impartiale, d’appliquer de façon équitable les décisions de justice. Le Gabon est un Etat de droit, des lois existent, mais qui sont bafouées par les magistrats. Nous demandons au syndicat des magistrats de se réveiller », a-t-il martelé.

 

Pour Georges Mpaga, la justice étant un pouvoir à part entière, il est inconcevable, qu’elle continue d’être influencée par le pouvoir exécutif, en maintenant en prison des innocents dont Privat Ngomo, a-t-il dit.

 

 

Levi NGOMA

 

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