Clôture 2ème session ordinaire : Intégralité de l’allocution du président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi

A l’occasion de la clôture de la 2ème session ordinaire de la 13ème législature, le président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi, exhorte dans son allocution de circonstance, le Chef du gouvernement, Julien Nkoghé Békalé, à mériter la confiance du président de la République, Ali Bongo Ondimba, qui l’a reconduit dans ses fonctions de Premier ministre, le 2 décembre dernier, mais également des députés qui ont voté massivement en faveur de sa déclaration de politique générale. Dans ce discours, le locataire du Palais Léon Mba dresse un bilan des travaux menés par les députés durant cette session, et commente aussi l’actualité nationale marquée entre autres, par le retour du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, sur la scène internationale, l’état préoccupant du réseau routier, ferroviaire, des voiries et de canalisation d’eau.

 

Ci-dessous, l’intégralité du discours du président de l’Assemblée nationale.

 

 

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

Madame le Président du Sénat,

Madame et Messieurs les Présidents des Institutions Constitutionnelles,

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique,

Monsieur le Gouverneur de l’Estuaire,

Monsieur le Maire de Libreville,

Honorables Députés, Chers collègues,

Distingués Invités,

Mesdames, Messieurs.

 

Comme un couperet, la faucheuse qui n’épargne ni les bons, ni les méchants, ni les représentatifs, ni les illégitimes, ni les paisibles, ni les braillards, vient de frapper l’Assemblée Nationale en nous ôtant l’un des dignes représentants de la nation.

 

Un Député pétri d’expérience et de sagesse, un des vestiges qui considérait encore que l’humilité et le respect demeuraient des vertus, s’en est allé hier, nous laissant tous pantois : parents, amis et collègues.

 

En attendant le douloureux moment des hommages, en mémoire de notre cher regretté Honorable Jean MASSIMA, élu du deuxième Arrondissement de la commune de KOULA-MOUTOU, observons une minute de silence.

 

Merci.

 

Monsieur le Premier Ministre,

Excellences Mesdames et Messieurs,

 

La tristesse qui ternit l’enthousiasme des Députés en ce jour, trouve un réconfort dans votre présence à cette cérémonie solennelle.

 

Je voudrais particulièrement tourner mon regard vers Monsieur le Premier Ministre qui vient de bénéficier d’un précieux renouvellement de la confiance du Chef de l’Etat, pour diriger un nouveau gouvernement, à un moment où les évidences ne sont plus de mise.

 

L’Assemblée Nationale à son tour a entériné la décision du Chef de l’Etat, en vous invitant à ne pas considérer cet acte comme un chèque en blanc, mais une seconde chance, pour vous permettre de mieux faire la preuve de votre détermination à mettre en œuvre la politique du Président de la république en faveur de la population, et faire valoir les atouts qui ont prévalu à son choix en votre faveur, sur une période plus longue que les dix mois initiaux.

 

Tout en vous réitérant nos vives félicitations, nous vous encourageons à mériter cette double confiance, du Président de la république et des Députés, avec votre gouvernement, en espérant qu’il n’y ait plus d’erreur de casting cette fois-ci.

 

Une autre personnalité mérite une fois de plus notre regard, tant elle vient d’inaugurer un mandat de neuf ans à la tête de cette haute juridiction constitutionnelle.

 

Madame le Président de la Cour Constitutionnelle, il va sans dire que votre expérience indéniable, et votre dextérité faisant de vous une icône reconnue par vos pairs au plan international seront encore mises à contribution dans notre démocratie en plein processus de maturation.

 

Comme par le passé, vous saurez toujours encadrer et guider les pas de vos jeunes confrères, que nous encourageons également.

 

A toutes les Personnalités venues nous soutenir comme à l’accoutumée, à leurs Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs de missions diplomatiques et Consulaires, ainsi qu’aux Représentants des organismes régionaux et internationaux, nous disons sincèrement merci.

 

Si d’ordinaire nous vous remercions d’honorer nos séances d’ouverture et de clôture des sessions parlementaires, en dépit de vos lourdes charges, aujourd’hui nous vous exprimons doublement notre gratitude.

 

Excellences Mesdames, Messieurs,

 

S’agissant du bilan des activités de l’Assemblée Nationale, les Députés au cours de cette session, m’ont une fois de plus paru exemplaires et dignes dans leur mission de représentation du peuple gabonais en démontrant par leur engagement et leur implication dans les différents travaux, le souci qu’ils ont de consolider les bases de notre cohésion nationale et de notre avenir commun.

 

Pour ce qui concerne le travail législatif en effet, l’Assemblée Nationale a voté le projet de loi de finances pour l’exercice 2020, ce qui constitue le principal temps fort de cette session dite budgétaire.

 

A travers le vote de ce budget, l’Assemblée Nationale espère appuyer le Gouvernement dans son ambition de poursuivre la transformation du pays, notamment par le développement des infrastructures, l’élargissement de la base productive de notre économie et le renforcement des mécanismes de redistribution de la richesse nationale.

 

Toutefois, afin d’accompagner efficacement cette ambition réformatrice, l’Assemblée Nationale n’a pas manqué de faire quelques recommandations au Gouvernement, qui lui sont parues utiles.

 

Outre la loi de finances de l’année 2020, c’est un ensemble de trente-deux (32) projets de textes dont trois (03) ordonnances, trois (03) propositions de lois et vingt-six (26) projets de loi qui ont été examinés par la Représentation nationale depuis l’ouverture de la présente législature.

 

En définitive, vingt et un textes ont été adoptés au cours de l’année qui s’achève.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Certes, divers facteurs endogènes et exogènes ne nous ont pas permis d’organiser les séances très prisées et fructueuses de questions orales au gouvernement au cours de cette deuxième session, mais je promets à la population de les reprendre au cours de la première session 2020.

 

Il n’en demeure pas moins que le relai des préoccupations légitimes de nos populations s’est poursuivi à travers la mise en œuvre d’un autre moyen de contrôle dont dispose la Représentation nationale, à savoir les questions écrites.  Ce sont trente-quatre (34) questions qui ont été envoyées au cours de cette deuxième session ordinaire de l’année 2019.

 

Quoique médiatiquement silencieux, cet exercice, inauguré par la présente législature, participe tout autant au contrôle de l’action gouvernementale.

 

Il permet à tout Député, au-delà de sa propre curiosité intellectuelle, d’obtenir des informations utiles pour ses électeurs et pour les autres compatriotes intéressés.

 

Malheureusement, ni le taux, ni les délais, ni encore moins la qualité des réponses ne sont satisfaisants à ce jour. Nous nous attelons à y remédier.

 

Pendant cette première année de notre législature, nous avons engagé une activité diplomatique parlementaire dense et fructueuse.

 

Outre le fait d’avoir eu l’honneur de représenter le Chef de l’Etat à l’intronisation du nouvel Empereur du Japon, nous avons pris part au sommet parlementaire Russie-Afrique à Moscou, et aux rencontres multilatérales à Brazzaville, Ouagadougou, Rabat et Abidjan.

 

Faits marquants au plan bilatéral, la signature inédite de Mémorandums d’entente avec le Président de l’Assemblée Nationale française, et le Président de la Chambre des Représentants du Maroc, à l’issue de visites d’amitié qu’ils nous ont invités à effectuer dans ces pays.

 

De fructueuses coopérations bilatérales entre nos institutions respectives vont voir le jour.

 

Au titre de l’analyse de l’actualité nationale, permettez-moi d’aborder cinq faits entre autres.

  • La tenue à Libreville le 18 décembre dernier du sommet de la CEEAC, sous la présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA qui marque le retour de celui-ci sur la scène internationale, conforte le rôle du GABON dans l’intégration sous régionale et ouvre la perspective d’une nouvelle dynamique à notre zone économique. Nous ne pouvons que nous en féliciter.

 

Pour notre part, nous envisageons de conjuguer nos efforts avec ceux de l’Exécutif, dans le cadre de la diplomatie parlementaire, en vue d’appuyer l’adhésion des populations de la sous-région au renforcement de l’intégration de nos Etats.

 

  • L’état préoccupant en même temps des réseaux routier et ferroviaire, des voiries et canalisations d’eau qui compromet gravement la libre circulation, la satisfaction des besoins essentiels de la population tels que l’alimentation et la médication et provoque de graves inondations faisant de nombreux sans abri. De surcroit, il est de nature à retarder la relance tant attendue de notre économie.

 

A cet égard, la combinaison de trois stratégies au moins pourrait nous permettre de sortir la tête de l’eau, pour ne pas dire émerger à court, moyen et long terme, à savoir : un plan d’urgence de réhabilitation des infrastructures ; une planification réaliste susceptible de donner lieu à une loi de programmation, à défaut d’un plan Marshall de construction des routes et d’aménagement du territoire, ainsi que la reconstitution de subdivisions équipées de TP.

 

  • L’acte de piratage perpétré au large de l’Estuaire ayant causé le décès d’un Officier de la Marine et par conséquent l’interruption temporaire du trafic entre Libreville et Port-Gentil par voie maritime est venue aggraver les difficultés de circulation dans notre pays et le sentiment d’insécurité. Cette situation est préoccupante et risque de créer la psychose des voyageurs. Il serait souhaitable de faire aboutir les enquêtes y afférentes et de sécuriser notre espace maritime, mais aussi l’ensemble des frontières, qui font de plus en plus l’objet d’incursions venant de l’extérieur. Nous présentons nos sincères condoléances à la famille de ce vaillant officier.

 

  • Un climat sociopolitique malsain, caractérisé par la persistance de présumés actes délictueux, voire criminels mettant à rude épreuve les nerfs des autorités, des élus nationaux, des juges, des familles et de tous les citoyens. A cet effet, nous avons confiance à la justice gabonaise, en comptant sur le professionnalisme des juges pour faire preuve de perspicacité et de célérité, afin d’apaiser la tension ambiante. (Quoi qu’on en dise, l’AN vient de prouver sa bonne foi de contribuer à l’exercice de la justice, en levant, bien que la mort dans l’âme, l’immunité d’un collègue, en vue de permettre la manifestation de la vérité.)

 

  • Les sorties de certains leaders politiques qui se souviennent subitement des vertus du parti unique, en appelant au rassemblement de toutes les forces vives de la nation au sein d’un gouvernement d’union et en prônant la dissolution de l’Assemblée Nationale.

 

Sans nous substituer à la haute institution interpellée, qui donnera sans doute la réponse qui sied, permettez que nous partagions notre avis.

 

En effet, il nous semble que le Gouvernement actuel comprend des personnalités de l’opposition…

 

Quant à l’Assemblée, faut-il croire à travers cette initiative, que les élus qui les représentent au cours de cette 13e Législature ne leur donnent pas la satisfaction qu’ils en attendent ?

 

S’il est avéré que ces initiatives en apparence louables parce que prônant la cohésion nationale, ne sont pas sibyllines mais plutôt objectives, on serait tenté de dire : « pourquoi pas ? ».

 

Cependant, les expériences du milieu des années 90 aussi bien au GABON qu’en France nous laissent dubitatifs.

 

En effet, le gouvernement d’union nationale des années 94/97 aurait-il laissé un souvenir radieux ?

 

Et puis, je croyais que nous étions déjà dans une sorte de gouvernement d’union, eu égard au nombre d’opposants dans cette équipe. Ou bien y en a-t-il qui sont plus opposants que d’autres… ?

 

De même, le climat sociopolitique prégnant ne n’incite-t-il pas ces compatriotes à se souvenir de l’expérience de nos amis Français dont une initiative similaire en 1995 s’est avérée plutôt contre-productive ? Attention : les initiateurs peuvent en être les grands perdants.

 

Dans tous les cas, un Député élu à la régulière et demeuré proche de sa base n’a rien à craindre d’une reprise des législatives, si ce n’est du coût faramineux de ces opérations pour l’Etat en cette période de crise, sans retombées positives pour la population.

 

Pour notre part, nous croyons davantage à la réflexion et aux concertations républicaines destinées à engendrer des reformes structurantes, à même de conférer à chaque service, à chaque administration, à chaque institution ses prérogatives régaliennes et des moyens équitables, sans oublier la mise en œuvre de la décentralisation pour stimuler l’action des collectivités locales.

 

Aussi, en bon coach, tout en changeant les personnes, qui ne donnent pas satisfaction, ne serait-il pas aussi judicieux de repenser l’organisation, afin que chacun joue pleinement son rôle et rien que son rôle, sans confusion de rôles ?

 

Ainsi chaque organe de conception, chaque instance décisionnelle, chaque structure de gestion, chaque Responsable donnerait la pleine mesure de ses capacités et prendrait l’entièreté de ses responsabilités.

 

Nous militons pour une organisation administrative permettant la fluidité et la fiabilité des circuits de décisions, respectant la déontologie et l’éthique.

Dans cette nouvelle organisation, chacun porterait sa croix face à sa conscience, à la justice et à Dieu.

 

Cela ôterait aux espiègles, l’usage du prétexte fallacieux, mais combien intimidant d’agir à la demande du « PATRON », alors que les opérations judiciaires en cours montrent que ce dernier n’était au courant de rien.

 

Les organes dédiés pourraient ainsi, en toute sérénité jouer leurs rôles de contrôle, d’évaluation, de coercition ou de réhabilitation, ce qui laisserait peu d’espace aux velléités de corruption.

 

De cette manière, l’Etat et l’ensemble de la classe politique contribueraient résolument à la nécessaire amélioration de la gouvernance dans l’intérêt de la population par rapport à l’intérêt individuel, plutôt que la politique du hôte toi que je m’y mette, sans garantie de réussite.

 

Nous sommes persuadés que la mise en œuvre de réformes pertinentes donnerait de la visibilité et de l’espoir à des jeunes désemparés ; de la confiance aux populations en perte de pouvoir d’achat ; de la sérénité aux parents inquiets pour leur santé et la qualité de leurs vieux jours, ainsi que l’avenir de leurs enfants, dont les études leur coûtent de plus en plus cher, sans perspectives d’emplois.

 

Honorables Députés, Chers collègues,

 

La clôture de la seconde session ordinaire à laquelle nous procédons ce jour, en respect des prescriptions de notre loi fondamentale, marque la fin d’une année 2019 singulière à plusieurs égards.

 

Une année 2019 que nous avons entamée dans la ferveur de la mise en place de notre Bureau et l’enthousiasme partagé de placer notre législature sous le sceau de la productivité, de l’amélioration de l’image de notre Institution et de la consolidation du débat démocratique dans notre pays.

Au cours de cette première année de notre mandat quinquennal, nous avons connu d’indubitables avancées.

 

Cependant, l’amélioration de la transparence et de la qualité des décisions prises par notre Institution me semble être tributaire de l’amélioration corrélative de certaines dispositions du Règlement de l’Assemblée Nationale, voire de la loi fondamentale elle-même.

 

Une réflexion s’impose à l’évidence sur cette question. Les vides juridiques ou les imprécisions des textes engendrent souvent les interprétations de ceux-ci auxquels chacun donne un sens conforme à ses intérêts du moment.

 

C’est pourquoi, Chers collègues, je vous réitère mon souhait, de nous employer, individuellement ou collectivement, à inventorier les faiblesses décelées dans le Règlement de l’Assemblée Nationale, afin d’y apporter, dans un proche avenir, les corrections et les compléments indispensables à sa pertinence et à l’intelligibilité de ses dispositions.

 

Nous devons en effet trouver dans notre Règlement, les solutions aux problèmes qui se posent à la Représentation Nationale et auxquels elle doit apporter des réponses précises.

 

Notre intersession ne sera donc pas un moment de loisirs, mais une occasion d’échanger avec nos électeurs et de réfléchir aux propositions judicieuses que nous ferons dès la prochaine rentrée parlementaire, en vue de contribuer significativement à l’amélioration du dispositif juridique de notre beau pays.

 

Enfin, à notre cher pays le GABON, JE SOUHAITE PAIX ET PROSPERITE.

 

A vous-mêmes, à vos familles, à nos chers concitoyens, ainsi qu’à nos amis et partenaires, BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2020.

 

Je vous remercie.

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