Gabon : Le maire de Libreville interdit la vente de la friperie, mais sans mesures d’accompagnement

LIBREVILLE (Equateur) – C’est à travers un communiqué que le maire de la commune de Libreville, Eugène Mba, a annoncé le lundi 8 février dernier, l’interdiction de la vente de la friperie dans les marchés, les artères et carrefours de la capitale gabonaise. Si la mesure a été prise à cause de la montée du taux de contamination à la Covid-19, il n’en demeure pas moins qu’elle précarisera davantage les commerçants concernés.

 

 

« Conformément aux récentes mesures prises par le gouvernement de la République, la Mairie de Libreville porte à la connaissance des opérateurs économiques, que la vente de la friperie dans les marchés, artères et carrefours de la commune, est interdite jusqu’à nouvel ordre. Le non-respect de cette mesure expose les contrevenants à des sanctions administratives et pénales prévues par les textes en vigueur », annonce le communiqué de la Mairie de Libreville.

 

 

Selon le communiqué, cette décision vise à lutter contre la montée du taux de contamination à la Covid-19. Effectivement, les lieux où il y a une forte concentration des populations, qui ne respectent pas toujours les mesures barrières prises par le gouvernement, sont les marchés et les établissements scolaires. Il est donc évident qu’en optant pour une telle mesure, le gouvernement, par l’entremise de la Mairie de Libreville, veut sécuriser les populations.

 

 

Cependant, si on peut comprendre le caractère sécuritaire, il n’en demeure pas moins que cette décision vient une fois encore mettre au chômage de nombreux gabonais qui se battent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Le gouvernement qui semble très ‘’excité’’ à prendre des mesures qui précarisent davantage les populations, semble ne pas se soucier des mesures d’accompagnement qui permettront à ces pères et mères de famille, ainsi qu’à ces jeunes débrouillards de s’en sortir.

 

 

En menaçant de sanctions administratives et pénales tous contrevenants, l’Hôtel de ville de Libreville n’est-il pas entrain de se fourvoyer, sachant parfaitement que cette décision qui n’a aucune mesure d’accompagnement va forcément être violée ? En toute logique, et en étant un peu humain, où veut-il que ces personnes trouvent de l’argent pour subvenir à leurs besoins et  ceux de leurs familles ? Où vont-ils trouver de l’argent pour payer les loyers, la scolarité des enfants, la nourriture etc ?

 

 

En réalité, en prenant une telle décision, le maire de Libreville, Eugène Mba, sait très bien qu’elle ne sera pas respectée. C’est pourquoi dans son communiqué, il a annoncé aussi des missions de contrôle et de vérification de l’application de cette mesure par des brigades constituées des agents de l’inspection générale municipale, la direction générale des affaires économiques, l’unité de police de l’hôtel de ville et la brigade spéciale de gendarmerie de l’hôtel de ville.

 

 

Or, pour éviter une telle situation, il suffirait de proposer à ces derniers des mesures d’accompagnement. Pourquoi mettre la charrue avant les bœufs ? Aujourd’hui les tenanciers des bars et autres snack-bars et boîtes de nuit sont au bord de la dépression, car n’arrivant plus à satisfaire leurs nombreux besoins par manque d’argent. Jusqu’à présent le gouvernement n’est toujours pas capable de leur proposer des mesures d’accompagnement. N’est-ce pas une crise sociale qui pourrait conduire à une désobéissance civile, que le gouvernement est en train de créer ?

 

 

Dans tous les cas, le gouvernement et la Mairie de Libreville gagneraient à proposer des mesures d’accompagnement, qui vont aider ces personnes à subvenir à leurs besoins. Car gouverner c’est prévoir et anticiper. Et on  ne gouverne pas un peuple en prenant des décisions qui l’accablent et sans mesures d’accompagnement.

 

 

 

Levi NGOMA

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