Gabon : Un procureur fait enfermer un commandant de police en violation des procédures

LIBREVILLE (Equateur) – Il s’agit du procureur de la République de Tchibanga (Nyanga), Illitch Ndjeme Benga, qui a mis sous mandat de dépôt vendredi 23 juillet dernier, le commandant Patrick Moubogha, chef d’antenne DGDI, sans qu’il n’ait été entendu par une unité et par l’inspection générale de police (sa hiérarchie).

 

 

C’est à la maison d’arrêt de Massanga dans la province de la Nyanga, que le chef d’antenne de la DGDI de Tchibanga, le commandant Patrick Moubogha, a été incarcéré vendredi 23 juillet dernier en violation des procédures qui régissent les Forces de défense et de sécurité.

 

 

En effet, selon une source proche du dossier, le commandant Moubogha n’a jamais été entendu par une unité ou encore par l’inspection générale de police (sa hiérarchie), sur la véracité des griefs qui lui sont reprochés. Le procureur de la République de Tchibanga, Illitch Ndjeme Benga, n’a pas jugé utile de saisir la hiérarchie de ce dernier apprend-on. Récit des faits.

 

 

Au mois de juin dernier, le chef d’antenne de la DGDI de Tchibanga, le commandant Patrick Moubogha, se rend chez une commerçante pour se restaurer. Il est accompagné par un collègue. Ils sont rejoints par d’autres clients qui passent également leurs commandes. Parmi ces clients, il y a un individu qui sans qu’on ne sache trop pourquoi, manquera de respect et d’égard aux policiers, au point de les froisser.

 

 

L’individu dont le commandant Moubogha ignore l’identité et la profession, est menotté  et conduit au Commissariat. C’est là-bas, que l’on apprendra qu’il s’agissait d’un gendarme en service à la DGR de Tchibanga et qui de manière délibérée, a manqué de respect à deux agents de la force publique.

 

 

Toutefois, dans le cadre du code de bonne conduite qui régit les relations entre les Forces de défense et de sécurité, le chef d’antenne de la DGDI va remettre le gendarme à sa hiérarchie. Quelques jours plus tard, ce dernier décide de déposer une plainte sur la table du procureur de la République, Illitch Ndjeme Benga. Il accuse les deux policiers de l’avoir violenté, et qu’il souffrirait de quelques traumatismes.

 

 

Mais d’après certaines indiscrétions, ce gendarme serait malade depuis fort longtemps. Et son état de santé que les policiers ignoraient au moment des faits, ne serait donc pas consécutif à l’altercation qu’il a eue avec ces derniers en leur manquant de respect. Malgré tout, le procureur Ndjeme Benga qui s’est saisi du dossier, va le transmettre au B2 pour interpeler le commandant et son collègue.

 

 

Or, Patrick Moubogha est un haut gradé des FPN. Et le procureur de la République qui est le patron des officiers de police judiciaire (OPJ), sait parfaitement que le B2 n’est pas compétent pour interpeler et entendre les policiers incriminés. Il sait qu’il faut saisir la hiérarchie de ces derniers. C’est donc fort de cette procédure, que les policiers refusent de répondre à la convocation du B2.

 

 

« Les policiers ont demandé aux agents du B2 de saisir leur hiérarchie, mais le procureur Illitch Ndjeme Benga a refusé », confie notre source. Devant le refus des agents des FPN, le procureur et le B2 convoquent les témoins de l’altercation. Après les avoir écoutés, il décide de délivrer un mandat de dépôt contre le commandant Patrick Moubogha uniquement. Ce qui pourrait être taxé de règlement de compte.

 

 

Mais comment faire pour arrêter le commandant de police et l’envoyer en prison sans que sa hiérarchie et le personnel qui est sous son commandement ne soient informés ? Effectivement, l’arrêter en public pourrait provoquer du grabuge. C’est alors que le procureur Ndjeme Benga va avoir une brillante idée. Il va appeler le commandant à son bureau, prétextant vouloir lui confier un dossier.

 

 

Sans se douter du plan nourri par le procureur, Patrick Moubogha se rend au Parquet vendredi 23 juillet dernier. A son arrivée, il est surpris de trouver des agents du B2. Aussitôt, il est saisi et conduit à la Maison d’arrêt de Massanga sans que sa hiérarchie ne soit informée, apprend-on.

 

 

Abasourdis par l’attitude du procureur de la République, les agents des FPN de Tchibanga se demandent si ce dernier réalise les conséquences de son acte sur les relations entre les FPN, la Gendarmerie et le Parquet de Tchibanga. Une situation qui devrait interpeler le ministre d’Etat Lambert Noël Matha, ses collègues de la Défense et de la Justice, pour éviter que les relations entre ces deux corps et la justice ne dégénèrent dans les prochains jours.

 

 

Car, comment peut-on arrêter et incarcérer un haut gradé sans respect des procédures ? Il est vrai qu’un agent des Forces de défense et de sécurité est un justiciable. Cependant, il existe des procédures à respecter avant qu’il ne soit mis aux arrêts. S’il est vrai que le procureur de la République est le patron des OPJ, est-ce que cela signifie qu’il n’est pas tenu de respecter les procédures ?

 

 

Dans tous les cas, une réaction de la hiérarchie du commandant Patrick Moubogha est attendue.

 

 

 

Levi NGOMA

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