“ J’ai été manipulé par la femme que j’aimais ”
L’année dernière, à quarante ans, j’ai obtenu une mutation pour revenir dans ma ville d’origine, dans le sud-est de la France. Là-bas je rencontre une collègue de travail, belle, mince, toujours bien mise, si bien qu’on lui donne facilement sept ou huit ans de moins. J’apprends par quelques collègues qu’elle est fraîchement divorcée. Son ex-mari, qui travaille au même endroit que nous, l’a quittée pour une autre. A l’époque, j’étais célibataire, sans enfants. Je n’avais pas eu de relation sentimentale depuis longtemps et j’avais du mal à remarquer son intérêt pour moi. Elle m’a fait quelques allusions, mais c’est un collègue de travail me met sur la piste. Finalement, on se rapproche petit à petit. Je suis à la fois conquis et étonné qu’une si belle femme s’intéresse au quadra tout à fait quelconque que je suis. Premiers jours, semaines, mois, idylliques… Baisers volés au bureau, messages amoureux de sa part dès l’aube, balades, restaurants, cinéma, fréquentes étreintes, le classique de l’histoire naissante…
Quelques-unes de ses attitudes m’ont surpris mais je n’y ai pas accordé d’attention, je plane, je suis sur un nuage. Nous nous parlons de nous. Elle me raconte son enfance, ses origines modestes. Elle a 2 enfants déjà grands et mais sa vie sentimentale passée est très agitée : un ex-mari alcoolique, un compagnon autoritaire qui la traitait de mante religieuse et un lot d’histoires difficiles. Elle est victime de tout cela. Elle m’émeut, et je confesse à mon tour des blessures d’enfance (petit garçon rondouillard dont on se moquait à l’école, écrasé de plus par l’autorité d’un père excessivement sévère et peu communicatif)… Étant un homme serein et calme, j’espère être celui qu’il lui faut. Les semaines passent et nous sommes heureux, partageons des souvenirs inoubliables. Tout va si bien qu’on envisage même de s’installer ensemble. De mon côté, avec le bonheur sont venus quelques petits kilos en trop, mais ça ne semble pas la déranger.
Parfois je la trouve parfois froide, distante, mais je mets cela sur le compte de ce qu’elle a traversé. Mais la première attaque ne tarde pas. Lors d’un voyage, elle me reproche mon poids et mon manque de volonté pour le perdre. C’est le début d’une série de vexations constantes : la nourriture, mes habits, mon manque d’argent. Pour elle l’argent n’est plus un problème, grâce à son héritage et une confortable somme reçue de la vente de la maison conjugale suite à son divorce. Je fais ce que je peux, je lui offre de petits cadeaux. Un jour, elle me reproche de ne pas payer les courses. Cette remarque m’humilie et me blesse. Malgré tout, elle me présente à sa famille avec qui je m’entends bien. Mais en privé, je suis sur des montagnes russes. Elle s’éloigne de plus en plus, et continue de mener une vie de quasi célibataire. Elle va au spa, voir des spectacles et s’amuse sans moi. Notre sexualité s’en ressent. Quand j’ai le malheur de lui demander les raisons de son attitude, elle se met en colère, et m’humilie en appuyant sur les blessures dont je lui ai fait part. Quand c’est moi qui me mets en colère, elle fait tout pour m’amadouer. Après ces périodes des tempêtes, la situation redevient normale, un temps. Très vite, ses mots redeviennent des torpilles. Un soir, je l’interroge sur ses sentiments et elle me répond avoir de l’attachement pour moi. C’en est trop, je m’en vais. Peu de temps après, elle me rappelle, m’amadoue et je replonge. Mais la situation ne change pas pour autant. Les derniers mois de cette relation destructrice seront de la même eau. J’en arrive à culpabiliser quand je vais chercher une baguette ou que je mange un peu trop. J’ai honte alors que je n’ai rien fait de mal. C’est insupportable.
Elle me quitte après notre voyage à Paris, prétextant vouloir se retrouver. Je ne la crois pas, je n’ai pas plus compté qu’un meuble dans sa vie. Même séparés, il me semble qu’elle tente de maintenir une emprise sur moi. J’en suis là aujourd’hui, je guéris doucement, et je me demande si j’ai rencontré une femme autoritaire ou si tout ce que j’ai vécu relève de la manipulation.