Gabon : Qui en veut au président du Conseil d’Administration de la Cnamgs ?

LIBREVILLE (Equateur) – Alors que la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) traverse une période de tension interne, le président du Conseil d’Administration (PCA), Alain-Claude Kouakoua, fait l’objet d’une offensive publique inédite. Accusations infondées, campagnes médiatiques ciblées, relais associatifs instrumentalisés… tout semble converger vers une volonté manifeste de le faire taire. Décryptage.

 

Ce qui se joue actuellement à la Cnamgs dépasse le simple cadre des conflits internes d’une institution. C’est une véritable bataille autour du sens de l’autorité, du respect des textes, et de la place du contrôle dans la gouvernance des structures publiques.

 

Depuis quelques semaines, le président du Conseil d’Administration de cet établissement de protection sociale, Alain-Claude Kouakoua, est la cible d’une série d’attaques publiques, relayées par certains organes de presse et portées par l’Association nationale des retraités du Gabon (Anareg).

 

Les accusations vont du conflit d’intérêts à l’irrégularité de sa présence au sein du conseil, en passant par des tentatives à peine voilées de l’associer à un prétendu blocage du fonctionnement de l’institution.

 

Mais qu’en est-il réellement ? Et surtout, pourquoi maintenant ?

 

L’un des principaux griefs avancés concerne la légalité de sa présence au conseil d’administration. Selon les détracteurs, le PCA ne serait pas à jour de ses cotisations sociales et fiscales, ce qui l’empêcherait, de fait, de siéger légalement en tant que représentant du patronat.

Des documents qui démontrent….

Sauf que cette affirmation ne résiste pas à l’examen des faits. Des documents officiels émanant de la Cnss, de la Cnamgs et de la direction générale des impôts, attestent que l’entreprise dirigée par l’intéressé, est parfaitement à jour de ses obligations sociales et fiscales. Les attestations sont en règle, datées, signées, et conformes aux exigences des textes en vigueur.

 

Dans ces conditions, évoquer une irrégularité relève au mieux d’une ignorance volontaire, au pire d’une volonté de manipulation de l’opinion.

…. parfaitement que le PCA de la Cnamgs….

Autre angle d’attaque : le cumul entre la présidence de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG) et le siège au Conseil d’administration de la Cnamgs. Là encore, la loi est sans ambiguïté.

 

Les représentants des employeurs au sein des conseils d’administration des caisses sociales sont désignés par les organisations patronales représentatives.

 

En tant que président de la FEG, principale organisation du secteur privé gabonais, le PCA est parfaitement légitime à occuper cette fonction. Il ne s’agit pas d’un passe-droit, mais d’une disposition prévue dans les textes organisant la gouvernance tripartite des caisses sociales (État, employeurs, travailleurs).

…. respecte la loi.

En réalité, les attaques contre le PCA Kouakoua trouvent leur origine dans sa ligne de conduite. Depuis son arrivée à la tête du conseil, ce dernier s’est illustré par une gestion rigoureuse, respectueuse des procédures, exigeant la reddition des comptes, et s’opposant à toute dépense non conforme.

 

D’ailleurs, sous sa présidence :

 

– Plusieurs projets de primes illégales ont été bloqués ;

– Le conseil a refusé d’avaliser des budgets non justifiés ;

– Des marchés non conformes ont été remis en question ;

– La direction générale a été appelée à rendre compte sur plusieurs exercices non clôturés ;

– L’absence de procès-verbaux conformes, de rapports financiers complets, ou de documents d’exécution budgétaire a été signalée.

 

Ces exigences de transparence ont mis à mal une pratique managériale antérieure, fondée sur la latitude quasi totale laissée à l’exécutif. Très vite, le PCA est passé d’arbitre institutionnel à cible à neutraliser.

 

L’Anareg : un acteur associatif instrumentalisé ?

 

L’entrée en scène de l’Anareg, dans une tribune relayée par certains médias, a surpris plus d’un observateur. L’organisation, jusque-là éloignée des débats administratifs internes, s’érige soudainement en porte-parole de griefs essentiellement portés par la direction générale de la Cnamgs.

 

Ce glissement interroge. Nombreux sont ceux qui y voient une instrumentalisation de l’image des retraités pour servir des intérêts qui n’ont rien à voir avec la défense des affiliés. D’autant que plusieurs affirmations de ladite tribune se sont révélées contraires aux faits documentés.

 

Le contexte politique donne à cette affaire une résonance particulière. Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a placé son action sous le signe de la rupture avec les pratiques du passé, de la bonne gouvernance et du respect des institutions.

 

La Cnamgs, en tant que pilier du système de solidarité nationale, ne peut échapper à cette exigence de redevabilité. Et ceux qui, au sein de ses organes de direction, s’efforcent d’incarner ces principes ne devraient pas être punis pour cela.

 

Si cette offensive aboutissait, elle créerait un précédent dangereux : celui où un administrateur peut être écarté non pour manquement, mais pour avoir appliqué les textes. Cela ouvrirait la porte à l’autoprotection des mauvaises pratiques, et découragerait tout effort d’assainissement institutionnel.

 

Il est donc urgent que les tutelles concernées, le ministère du Budget et celui des Affaires Sociales, clarifient leur position. Laisser perdurer ce climat d’hostilité interne, sans rappeler le droit, reviendrait à fragiliser une institution déjà secouée par des défis financiers, sociaux et managériaux.

 

L’affaire Cnamgs n’est pas une querelle de personnes. Elle est le révélateur d’un choix fondamental entre deux visions de la gestion publique : celle d’une gouvernance transparente, collégiale, respectueuse de l’équilibre des pouvoirs ; et celle d’un fonctionnement centré sur la dissimulation, l’autoritarisme administratif, et la désinformation.

 

Le PCA de la Cnamgs, en exigeant simplement que la loi soit appliquée, a rappelé que la République commence là où les privilèges s’arrêtent. Reste à savoir si les institutions gabonaises choisiront la République… ou la facilité.

 

 

LA RÉDACTION 

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